Pour l’auditeur la matérialité est un concept important. Le seuil de matérialité est le niveau au-dessous duquel les erreurs ou risques d’erreurs relevés ne sont pas de nature à remettre en cause la régularité et la sincérité des états financiers sur lesquels l’auditeur est amené à porter une opinion. Donc il s’agit au départ d’un concept destiné aux auditeurs financiers. Mais avec l’apparition de la RSE et des rapports de développement durable la matérialité a été élargie aux domaines sociaux, sociétaux, environnementaux ainsi qu’à la gouvernance.

La meilleure illustration est « la matrice de matérialité » que l’on trouve souvent dans les DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière). Il s’agit d’un classement des questions relatives à la RSE par les dirigeants de l’entreprise (le plus souvent en abscisse) et par ses parties prenantes (en ordonnée). Cette représentation sur un plan permet d’arrêter les priorités (souvent en haut, à droite) que l’entreprise se donne pour l’année à venir.

Actuellement de nombreuses réflexions sont menées pour établir une véritable normalisation de l’information extra-financière. Deux conceptions s’affrontent en matière de matérialité, la conception de la simple matérialité et celle de la double matérialité.

Pour la première conception, celle de SASB fondation américaine qui a déjà proposé un ensemble complet et sectoriel de normes extra-financières, la matérialité concerne uniquement le point de vue des investisseurs et des actionnaires car, comme elle l’écrit : « our mission is to help businesses around the world report on the sustainability topics that mattermost to their investors.” Il s’agit donc d’une matérialité financière.

Pour la seconde conception, celle de l’IFRAG proche de la Commission Européenne et à qui on doit les IRFS (les normes comptables européennes), la matérialité doit être à la fois financière et d’impact. La matérialité d’impact concerne toutes les opérations qui sont susceptibles d’entrainer des impacts négatifs sur les personnes ou sur l’environnement, impacts suffisamment graves et urgents. On prend donc en compte à la fois le point de vue des financiers et des actionnaires mais également celui des clients, des employés, des fournisseurs ainsi que des territoires et des populations.

Pour l’auditeur social (et donc pour l’IAS) cette seconde conception semble plus appropriée car elle est en ligne avec la vision d’une entreprise dont les intérêts ne sont pas exclusivement ceux des actionnaires et des financiers mais également ceux des parties prenantes.

Affaire à suivre !